Le peintre Manuel Costa expose dans le monde entier. Un succès qui couronne un long parcours, rempli d’anecdotes. Rencontre au milieu des tableaux.
Son nom et sa photo paraissent régulièrement dans notre journal. Manuel Costa expose régulièrement ses toiles dans le secteur. Il participe aussi à plusieurs actions culturelles.
Mais son champ d’action ne s’arrête pas aux frontières de l’Aube. « Manu », comme tout le monde l’appelle, expose ses peintures si particulières partout dans le monde : Brésil, États-Unis, et
dernièrement le Vietnam.
À 50 ans, son CV s’étale sur dix pages. On y lit ces innombrables récompenses. Mais derrière le succès mondial d’un peintre se cache un homme simple, qui nous a accueillis dans son atelier,
au-dessus de sa maison à Chessy-les-Prés. Là où il chérit ses tableaux et où il a déjà reçu des clients russes, américains…
Né à Ervy-le-Châtel, Manuel Costa a grandi entouré d’artistes. « Mes parents en côtoyaient souvent. Une Parisienne m’a proposé de voir son atelier. Et puis on est allé au
Louvre. J’avais 12 ans. Là, la magie a opéré, ce fut le déclic. Sans le Louvre, je ne serai peut-être pas devenu peintre. Ensuite, j’ai fait les Beaux-Arts, où j’ai appris les bases, la
technique. »
Le point commun entre ses peintures à l’huile est frappant. Ses personnages ont des visages, mais sans œil, ni nez, ni bouche. « Moi, je voulais peindre les gens. Un
jour, je peignais un arlequin, avec des yeux et une bouche. Et puis j’ai raclé le visage. C’est là que les sans visage sont nés. Depuis, je n’ai plus arrêté. »
Manuel Costa utilise des pigments et des poudres. « C’est une femme qui me les a enseignés pendant les week-ends. Les pigments donnent une densité différente, avec des
couleurs vives qui restent telles qu’on les a peintes. »
• La musique, son inspiration
Autre point commun à ses œuvres, la présence de musiciens. « Quand j’avais 20 ans, une amie jouait du violoncelle. Je l’ai peinte en train de jouer. Et puis je ne peux
pas vivre sans musique. La musique, c’est la joie de vivre ! »
Manuel Costa écoute surtout du jazz car « j’aime bien quand tous les musiciens sont à leur place » . Il se rend également à de nombreux concerts. « C’est très nourrissant. »
Avant d’exposer partout dans le monde, Manuel Costa a fait du chemin. Il se souvient de ses premiers clients : « J’exposais deux tableaux de musiciens dans un petit
commerce à Tonnerre (Yonne). Un soir, le patron m’appelle pour me dire qu’ils étaient vendus, pour 500 francs chacun. Des musiciens les avaient achetés. Ça m’a lancé. »
Au fil des années, l’Aubois se construit un palmarès long comme le bras. Il a notamment été élu Palette d’or lors de cinq salons internationaux.
À 30 ans, son nom figurait déjà dans trois dictionnaires de peintres. « C’est extraordinaire, normalement c’est quand l’artiste a 70 ans. »
Ainsi, Manuel Costa est désormais un « nom » qui compte dans le milieu de la peinture. Et ce dans le monde entier. En octobre dernier, il exposait au Vietnam. « C’est mon
réseau qui m’a introduit dans ce salon d’affaires. J’ai exposé un seul tableau. C’était un premier contact pour voir ce que je pouvais y faire par la suite. »
Manuel Costa n’aime pas trop parler d’argent. Il ne souhaite pas dévoiler combien il vend ses toiles. « C’est gênant. De toute façon, les gens connaissent les prix.
» Ce qui est sûr, c’est qu’il en vit « bien » . « Mais c’est très variable. Il m’arrive de ne rien vendre pendant six mois. Dans ces
cas-là, je me débrouille pour trouver du travail. »
De toute façon, « je ne peins pas pour vendre, ça doit rester une passion » . « Quand j’ai une commande, je donne un délai, un an par exemple.
Et quand je suis inspiré, je m’y mets. En fait, je peins quand j’ai envie, selon l’inspiration. La peinture, ce n’est pas l’usine. »
• Un milieu « compliqué »
Son succès fait des jaloux dans le milieu de la peinture. « Certains se demandent pourquoi j’y arrive et pas eux. » Pourtant, « j’ai aidé pas
mal de gens mais désormais je me méfie car il y a des amitiés intéressées. Deux ou trois fois, je me suis fait piéger alors j’ai appris à faire attention » .
• Souvenirs avec des célébrités
En tournant les pages de son « book », on voit des photos de lui avec des célébrités : Marianne James – « d’une gentillesse absolue » – ou encore… François Fillon.
Mais il a été particulièrement marqué par ces rencontres avec Charles Aznavour et Michel Galabru. « Azanavour, c’était en 2001, lors des Nuits de Champagne. Je lui avais
offert un tableau. On a parlé de tout pendant 30 minutes. Il est d’une grande simplicité. »
Galabru ? « C’était lors d’un de ses spectacles à Monneteau (Yonne), quelques mois avant sa mort. On a mangé ensemble, c’était un sacré personnage. »
• L'aube, terre dont il est fier
Quand il expose dans le monde, « Manu » précise bien qu’il vient de Chessy-les-Prés, dans l’Aube. « Je dis que ce n’est pas très loin de Paris, pour que les gens situent.
» Dans la commune qu’il a rejoint il y a seize ans, « les gens sont contents et assez fiers ».
Au premier étage de la préfecture de l’Aube, dans le salon où les visiteurs attendent dans des canapés, une toile signée « Costam » est accrochée.
• laisser une trace dans l’histoire ?
Dans l’histoire de la peinture, beaucoup d’artistes ont connu leur heure de gloire après la mort. Quel héritage souhaite laisser Manuel Costa ? « Ça ne m’intéresse pas,
je m’en fous ! Moi, je mange un morceau de la galette tous les jours ! »
Alain Mangin